Mfangano Island : Immersion au cœur du Lac Victoria — Entre silence, pluie et rencontres
À la recherche d’un volontariat au Kenya sur Workaway, je suis tombée sur une petite ONG familiale installée sur Mfangano Island, au cœur du Lac Victoria. Un nom presque chantant, que j’imaginais déjà enveloppé de brume et de lumière dorée. Depuis Mbita, le ferry nous emporte lentement. Il fend les eaux du lac, fait escale à Takawiri, puis se dirige vers Mfangano. C’est le début d’une aventure dont je ne soupçonne encore rien.
🌿 Arrivée sur l’île : premiers pas, premières questions
Dès l’arrivée, Florence — mon hôte — négocie deux taxi-motos pour nous rendre chez elle. Le conducteur qui me transporte est bavard et chaleureux, et tente de me décrire l’île à sa façon.
Le contraste entre le trajet animé et la maison, modeste et silencieuse, est saisissant.
Pas d’électricité : le cash power est épuisé.
Pas de chef de famille : il est en déplacement.
Les enfants, eux, me scrutent avec curiosité.
Je suis fatiguée, mais je sens que Florence retarde le moment de me montrer mes quartiers. Puis elle finit par m’annoncer qu’elle s’absentera le lendemain… pour une semaine complète. Je resterai seule avec les enfants. Un instant de flottement. Pourquoi m’avoir fait venir si elle repart immédiatement ? Question suspendue, sans réponse.

La nuit tombée, on m’accompagne enfin à ma chambre : une cabane en tôle dans la cour près de l’entrée de la propriété. Un lit, une moustiquaire, une chaise, un bureau… et le vacarme de la pluie martelant le toit comme un tambour dès que le ciel s’assombrit. À côté, un abri fait office de douche extérieure et de latrines.
Première nuit. Je m’endors avec autant de questions que de gouttes de pluie. Pourquoi m’a-t-elle fait venir si elle ne sera pas là. Serait-ce uniquement pour la contribution journalière que je lui ai versée en arrivant à Mbita ?
🌿 J2 : Prendre le rythme de l’île
À 9h30, Florence me réveille. Elle part. Elle récupère son téléphone oublié dans mes affaires et disparaît. Me voilà vraiment seule avec les enfants… et un projet de volontariat au point mort.
Alors j’apprends à ralentir.

Je profite des lieux. Même si le logement est spartiate, je le trouve plutôt mignon et surtout j’ai une vue imprenable sur le lac Victoria. La végétation verdoyante offre un joli contraste avec le bleu du ciel et de l’eau. Les chiens se sont vite familiarisés à moi. Les vaches qui paissent sous un arbre magnifique offre un tableau bucolique agréable. Il fait beau. Profitons-en.

C’est bientôt l’heure du déjeuner, suivi d’une tentative de sieste malgré le bruit. L’après-midi je descends vers le lac pour le contempler et observer la vie locale. Je vois les habitants se laver, cuisiner, tout faire avec l’eau puisée directement dans ses profondeurs. Au retour j’inaugure ma douche avec un seau d’eau tirer du lac.
Le soir, un coucher de soleil somptueux embrase ma terrasse.

Au diner nous recevons la visite de plusieurs enfants. Ils sont curieux. Nous faisons un échange de langue. Moi je leur apprends quelques mots en français et eux en swahili. L’apprentissage mutuel brise la timidité, et ouvre mon cœur à cette famille improvisée.
🌿 J3 : L’Afrique rurale, version lacustre
La pluie tombe en furie toute la nuit. Sur le toit en tôle, c’est une symphonie tonitruante. Il y a longtemps que je n’avais pas entendu ce boucan. Je fais la grasse matinée puis aide Grâce, l’aînée, à ramener du sable du lac pour la construction d’une dépendance. C’est à peu près la seule chose que je puisse faire en l’absence des parents pour aider au projet de développement. Nous portons donc des seaux de sable sur la tête, à l’Africaine. Et ça me ramène à mes racines.

L’après-midi, nous allons faire quelques courses dans une petite boutique,
suivies d’une petite balade. Il fait beau. Le cadre est magnifique. On se croirait dans la petite maison dans la prairie. Je retrouve un arbre que j’affectionne particulièrement depuis ma tendre enfance: le laurier jaune, l’arbre à lait. Son odeur, sa sève sucrée… souvenirs du Burkina, douce nostalgie.
De retour à la maison, un ami prête un vélo : j’apprends à Brigitte, la cadette, à en faire. À côté, l’école voisine joue de la musique à fond. Je danse dans la rue. Les petits plaisirs de la vie.
🌿 J4 : La randonnée au sommet
Nouvelle matinée de pluie. Puis une autre sieste. L’île m’apprend à écouter mon corps.

En fin de journée, Steeve, le garçon de la famille, m’emmène randonner jusqu’au sommet de la montagne derrière la maison. Le chemin est escarpé, mais magnifique. Les chiens nous escortent. Nous grimpons pendant 1h15, nous arrêtons souvent pour admirer les panoramas : les îlots, les villages, les arbres fruitiers. Ça sent bon, la vue est spectaculaire. La flore belle et variée.
Les arbres fruitiers présents au sommet nous offrent un petit encas. Les Goyaves sont succulentes.

Puis le soleil se couche — un spectacle à couper le souffle. Nous prenons le temps de le contempler.
Nous redescendons de nuit. Steeve connaît le chemin par cœur. Les quelques lumières qui brillent au loin sont si rares qu’elles deviennent précieuses, comme des balises dans l’obscurité. Les quelques lumières allumées tranchent parfaitement avec le noir de la nuit et permettent de saisir de beaux clichés de nuit aussi.

Une fois en bas nous entendons junior est des enfants qui me rend visite se faire tabasser par ses parents. Punition pour ne s’avoir pas acquis de ses tâches. Ça me serre le cœur.
En bas, un son me glace :
Junior, un garçon qui me rend visite chaque jour, est violemment puni par ses parents pour ne s’avoir pas acquis de ses tâches.

Point de vue Noirenvoyage
le châtiment corporel
Une pratique encore courante dans de nombreux pays d’Afrique. Regrettable. Les traumatismes restent.
La violence n’a jamais enseigné le respect.
Il y a d’autre moyen de se faire respecter. Je reconnais que certains enfants sont parfois difficiles mais la violence est-elle une réponse adéquate ? J’en doute.
Ce soir-là, mon cœur se serre, et mes pensées voyagent loin.
Le soir après diner, les filles qui partage ma passion pour la danse, me montrent quelques chorégraphies. En particulier l’une d’un challenge internet de moment sur la chanson “Wewe Hapoo”. Je découvre de nouveaux artistes kenyans dont la maman de Junior. Des chants religieux qui bougent et une chanson inspirante qui m’accompagne depuis If You Believe.
Découvre ma playlist de musique écoutée au Kenya
🌿 J5 : Petit drame, grandes émotions
Je me rends compte que j’ai perdu mes lunettes de soleil pendant la randonnée. Steeve refait le chemin, en vain.
L’après-midi, j’offre un tour en bateau à toute la petite bande d’enfants.
Mais cette aventure mérite son propre récit — je la raconterai dans un article séparé.
🌿 J6 : Entre scorpion et culture

Le dimanche matin, je découvre un bébé scorpion blanc piégé dans une toile d’araignée… dans ma douche. J’aurais peut-être dû penser à un anti-venin ! Je le commande à ma mère pour qu’elle l’envoie à Mombasa, ma prochaine étape.
Grâce, qui a cuisiné tard, m’emmène faire les courses pour mon tour de cuisine. On monte à trois — plus le chauffeur — sur une moto-taxi.
Arrivées en ville : pas de distributeur. Je suis à sec.
💡 Astuce NoirEnVoyage :
Prévoyez suffisamment de liquide à Mfangano.
Aucun ATM.
Gardez toujours une réserve sur Mpesa.
Je fais le marché avec le peu d’argent qui me reste sur mes portefeuilles mobiles. Il manque beaucoup de condiments. On fera avec
Nous rentrons par le même taxi. Pas de lumière à l’arrivée. Je commence à cuisiner car c’est le jour d’échange culturel ou moi je suis aux fourneaux. Je prépare un riz gras sur un fourneau en bois. Un peu cramé, mais les enfants adorent.
🌿 J7 : Dernier jour et adieux
Florence revient. Nous discutons de son voyage. Les inondations en cours m’obligent à renoncer à Masai Mara — décision qui s’avèrera sage : certains touristes seront évacués en hélicoptère dans les jours suivants.
Je décide donc de reprendre la route vers Nairobi.
Le dernier soir, un pasteur nous rend visite. Les filles dorment avec moi. Elles en profitent pour utiliser mon téléphone comme si c’était le leur — fou rire intérieur.
Et vient le moment du départ. Je me lève tôt, range mes affaires, aide Grâce à défaire ses cheveux.
Calvin, le même chauffeur que dimanche, vient me chercher pour le waterbus.
Le voyage de retour commence… et déjà, Mfangano me manque un peu.

✨ Mfangano Island, en un mot : Humanité
Cette île m’a offert autant de douceur que de questionnements.
De la simplicité.
De la lenteur.
Des silences.
Des rires d’enfants.
La pluie sur la tôle.
Les couchers de soleil à couper la respiration.
Je n’y ai pas trouvé le volontariat que j’attendais.
Mais j’y ai trouvé un morceau de vie.
Et parfois, c’est tout ce qu’on vient chercher en voyage.

Point de vue Noirenvoyage
Bien choisir son volontariat au Kenya
Ça n’a pas été l’expérience de volontariat désiré mais une aventure humaine qui m’a plongé dans les réalités de la ruralité et les conditions de vie sur Mfangano Island de beau moment de partage avec les jeunes et enfants. Je ne suis pas arrivée au bon moment. Je sais de première main que désormais il y a plus d’activité chez Florence.
💡 Astuce NoirEnVoyage :
Si vous contacter une ONG assurez-vous qu’au moment où vous y aller il y a des activités et des tâches que vous aurez à accomplir. Favoriser les ONG qui ne demande pas de contribution journalière c’est un gage de participation réelle au-delà de l’aspect pécunier.
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